Liste
des 4 romans suite à la 3e
sélection pour le Prix Goncourt 2015 :
Quand on parle d'amour en France, Racine arrive toujours dans la conversation, à un moment ou à un autre, surtout quand il est question de chagrin, d'abandon. On ne cite pas Corneille, on cite Racine. Les gens déclament ses vers même sans les comprendre pour vous signifier une empathie, une émotion commune, une langue qui vous rapproche. Racine, c'est à la fois le patrimoine, mais quand on l'écoute bien, quand on s'y penche, c'est aussi du mystère, beaucoup de mystère. Autour de ce marbre classique et blanc, des ombres rôdent. Alors Nathalie Azoulai a eu envie d'aller y voir de plus près. Elle a imaginé un chagrin d'amour contemporain, Titus et Bérénice aujourd'hui, avec une Bérénice quittée, abandonnée, qui cherche à adoucir sa peine en remontant à la source, la Bérénice de Racine, et au-delà, Racine lui-même, sa vie,contradictions, sa langue.
La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements, ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche– Istanbul, Alep, Damas, Palmyre, Téhéran… –, mais aussi questionnant son amour impossible avec l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux. Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire, orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que l’actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre. Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour doux-amer, Boussole est un voyage et une déclaration d’admiration, une quête de l’autre en soi et une main tendue – comme un pont jeté entre l’Occident et l’Orient, entre hier et demain, bâti sur l’inventaire amoureux de siècles de fascination, d’influences et de traces sensibles et tenaces, pour tenter d’apaiser les feux du présent.
Tobie Nathan, Ce pays qui te ressemble (Stock)

Liste des 8 romans suite à la 2e sélection pour le Prix Goncourt 2015 :
La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements, ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche– Istanbul, Alep, Damas, Palmyre, Téhéran… –, mais aussi questionnant son amour impossible avec l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux. Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire, orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que l’actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre. Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour doux-amer, Boussole est un voyage et une déclaration d’admiration, une quête de l’autre en soi et une main tendue – comme un pont jeté entre l’Occident et l’Orient, entre hier et demain, bâti sur l’inventaire amoureux de siècles de fascination, d’influences et de traces sensibles et tenaces, pour tenter d’apaiser les feux du présent.
Hédi Kaddour, Les Prépondérants (Gallimard)
Simon Liberati, Eva (Stock)
Alain Mabanckou, Petit piment (Seuil)
Tobie Nathan, Ce pays qui te ressemble (Stock)
Boualem Sansal, 2084 (Gallimard)
Première sélection du Goncourt 2015 : 15 ouvrages en lice
Quand on parle d'amour en France, Racine arrive toujours dans la conversation, à un moment ou à un autre, surtout quand il est question de chagrin, d'abandon. On ne cite pas Corneille, on cite Racine. Les gens déclament ses vers même sans les comprendre pour vous signifier une empathie, une émotion commune, une langue qui vous rapproche. Racine, c'est à la fois le patrimoine, mais quand on l'écoute bien, quand on s'y penche, c'est aussi du mystère, beaucoup de mystère. Autour de ce marbre classique et blanc, des ombres rôdent. Alors Nathalie Azoulai a eu envie d'aller y voir de plus près. Elle a imaginé un chagrin d'amour contemporain, Titus et Bérénice aujourd'hui, avec une Bérénice quittée, abandonnée, qui cherche à adoucir sa peine en remontant à la source, la Bérénice de Racine, et au-delà, Racine lui-même, sa vie,contradictions, sa langue.
La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements, ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche– Istanbul, Alep, Damas, Palmyre, Téhéran… –, mais aussi questionnant son amour impossible avec l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux. Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire, orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que l’actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre. Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour doux-amer, Boussole est un voyage et une déclaration d’admiration, une quête de l’autre en soi et une main tendue – comme un pont jeté entre l’Occident et l’Orient, entre hier et demain, bâti sur l’inventaire amoureux de siècles de fascination, d’influences et de traces sensibles et tenaces, pour tenter d’apaiser les feux du présent.
Au
printemps 1922, des Américains d’Hollywood viennent tourner un film à
Nahbès, une petite ville du Maghreb. Ce choc de modernité avive les
conflits entre notables traditionnels, colons français et jeunes
nationalistes épris d’indépendance. Raouf, Rania, Kathryn, Neil,
Gabrielle, David, Ganthier et d’autres se trouvent alors pris dans les
tourbillons d’un univers à plusieurs langues, plusieurs cultures,
plusieurs pouvoirs. Certains d’entre eux font aussi le voyage vers Paris
et Berlin, vers de vieux pays qui recommencent à se déchirer sous leurs
yeux. Ils tentent tous d’inventer leur vie, s’adaptent ou se révoltent.
Il leur arrive de s’aimer. De la Californie à l’Europe en passant par
l’Afrique du Nord, Les Prépondérants nous entraînent dans la grande
agitation des années 1920. Les mondes entrent en collision, les êtres
s’affrontent, se désirent, se pourchassent, changent.

C’est dans le ghetto juif du Caire que naît, contre toute attente, d’une jeune
mère flamboyante et d’un père aveugle, Zohar l’insoumis. Et voici que
sa soeur de lait, Masreya, issue de la fange du Delta, danseuse aux
ruses d’enchanteresse, le conduit aux portes du pouvoir. Voici aussi les
mendiants et les orgueilleux, les filous et les commères de la ruelle,
les pauvres et les nantis, petit peuple qui va roulant, criant, se
révoltant, espérant et souffrant. Cette saga aux couleurs du soleil
millénaire dit tout de l’Égypte : grandeur et décadence du roi Farouk,
dernier pharaon, despote à l’apparence de prince charmant, adoré de son
peuple et paralysé de névroses. Arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser
en 1952 et expulsion des Juifs. Islamisation de l’Égypte sous la
poussée des Frères musulmans, première éruption d’un volcan qui n’en
finit pas de rugir… C’est la chute du monde ancien, qui enveloppait
magies et sortilèges sous les habits d’Hollywood. La naissance d’un
monde moderne, pris entre dieux et diables.
Liste des 8 romans suite à la 2e sélection pour le Prix Goncourt 2015 :
- Nathalie Azoulai, Titus n’aimait pas Bérénice (P.O.L.)
Quand on parle d'amour en France, Racine arrive toujours dans la
conversation, à un moment ou à un autre, surtout quand il est question
de chagrin, d'abandon. On ne cite pas Corneille, on cite Racine. Les
gens déclament ses vers même sans les comprendre pour vous signifier une
empathie, une émotion commune, une langue qui vous rapproche. Racine,
c'est à la fois le patrimoine, mais quand on l'écoute bien, quand on s'y
penche, c'est aussi du mystère, beaucoup de mystère. Autour de ce
marbre classique et blanc, des ombres rôdent. Alors Nathalie Azoulai a
eu envie d'aller y voir de plus près. Elle a imaginé un chagrin d'amour
contemporain, Titus et Bérénice aujourd'hui, avec une Bérénice quittée,
abandonnée, qui cherche à adoucir sa peine en remontant à la source, la
Bérénice de Racine, et au-delà, Racine lui-même, sa vie,contradictions,
sa langue.
- Mathias Enard, Boussole (Actes Sud)
La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements, ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche– Istanbul, Alep, Damas, Palmyre, Téhéran… –, mais aussi questionnant son amour impossible avec l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux. Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire, orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que l’actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre. Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour doux-amer, Boussole est un voyage et une déclaration d’admiration, une quête de l’autre en soi et une main tendue – comme un pont jeté entre l’Occident et l’Orient, entre hier et demain, bâti sur l’inventaire amoureux de siècles de fascination, d’influences et de traces sensibles et tenaces, pour tenter d’apaiser les feux du présent.
Au
printemps 1922, des Américains d’Hollywood viennent tourner un film à
Nahbès, une petite ville du Maghreb. Ce choc de modernité avive les
conflits entre notables traditionnels, colons français et jeunes
nationalistes épris d’indépendance. Raouf, Rania, Kathryn, Neil,
Gabrielle, David, Ganthier et d’autres se trouvent alors pris dans les
tourbillons d’un univers à plusieurs langues, plusieurs cultures,
plusieurs pouvoirs. Certains d’entre eux font aussi le voyage vers Paris
et Berlin, vers de vieux pays qui recommencent à se déchirer sous leurs
yeux. Ils tentent tous d’inventer leur vie, s’adaptent ou se révoltent.
Il leur arrive de s’aimer. De la Californie à l’Europe en passant par
l’Afrique du Nord, Les Prépondérants nous entraînent dans la grande
agitation des années 1920. Les mondes entrent en collision, les êtres
s’affrontent, se désirent, se pourchassent, changent.
Un soir de l’hiver 1979, quelque part dans Paris, j’ai croisé une femme de treize
ans dont la réputation était alors « terrible ». Vingt-cinq ans plus
tard, elle m’inspira mon premier roman sans que je ne sache plus rien
d’elle qu’une photo de parazzi. Bien plus tard encore, c’est elle qui me
retrouva à un détour de ma vie où je m’étais égaré. C’est elle la
petite fée surgie de l’arrière monde qui m’a sauvé du labyrinthe et
redonné une dernière fois l’élan d’aimer. Par extraordinaire elle
s’appelle Eva, ce livre est son éloge.
Simon Liberati
Jeune orphelin de Pointe-Noire, Petit Piment effectue sa scolarité dans une
institution catholique placée sous l’autorité abusive et corrompue de
Dieudonné Ngoulmoumako. Arrive bientôt la révolution socialiste, les
cartes sont redistribuées, et Petit Piment en profite pour s’évader avec
des jumeaux à la brutalité légendaire, abandonnant ainsi son meilleur
ami, qui refuse de le suivre. Il s’adonne alors, avec son clan, à toutes
sortes de larcins, jusqu’à ce que les habitants décident de nettoyer
leur zone d’action. Petit Piment trouve refuge auprès de Maman Fiat 500
et de ses dix filles, et la vie semble enfin lui sourire dans la gaîté
quotidienne de cette maison pas si close que ça, où il rend toutes
sortes de services.Mais le maire de Pointe-Noire décide d’une nouvelle
intervention énergique contre la prostitution. C’en est trop. Petit
Piment perd la tête.
De bonnes âmes cherchent à le soigner (médecine, psychanalyse, magie ou
sorcellerie), mais l’apparente maladie mentale ne lui fait pas perdre le
nord : il a une vengeance à prendre contre celui qui a brisé son
destin.
C’est dans le ghetto juif du Caire que naît, contre toute attente, d’une jeune
mère flamboyante et d’un père aveugle, Zohar l’insoumis. Et voici que
sa soeur de lait, Masreya, issue de la fange du Delta, danseuse aux
ruses d’enchanteresse, le conduit aux portes du pouvoir. Voici aussi les
mendiants et les orgueilleux, les filous et les commères de la ruelle,
les pauvres et les nantis, petit peuple qui va roulant, criant, se
révoltant, espérant et souffrant. Cette saga aux couleurs du soleil
millénaire dit tout de l’Égypte : grandeur et décadence du roi Farouk,
dernier pharaon, despote à l’apparence de prince charmant, adoré de son
peuple et paralysé de névroses. Arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser
en 1952 et expulsion des Juifs. Islamisation de l’Égypte sous la
poussée des Frères musulmans, première éruption d’un volcan qui n’en
finit pas de rugir… C’est la chute du monde ancien, qui enveloppait
magies et sortilèges sous les habits d’Hollywood. La naissance d’un
monde moderne, pris entre dieux et diables.
- Thomas B. Reverdy, Il était une ville (Flammarion)
Ici,
les maisons ne valent plus rien et les gens s’en vont, en les
abandonnant purement et simplement ; la ville est en lambeaux. Nous
sommes à Detroit en 2008 et une blague circule : que le dernier qui
parte éteigne la lumière. On dirait que c’est arrivé. C’est dans cette
ville menacée de faillite qu’Eugène, un jeune ingénieur français,
débarque pour superviser un projet automobile. C’est dans un de ces
quartiers désertés que grandit Charlie, Charlie qui vient, à l’instar de
centaines d’enfants, de disparaître. Mais pour aller où, bon Dieu, se
demande l’inspecteur Brown chargé de l’enquête. C’est là, aussi,
qu’Eugène rencontrera Candice, la serveuse au sourire brillant et rouge.
Et que Gloria, la grand-mère de Charlie, déploiera tout ce qui lui
reste d’amour pour le retrouver. Thomas B. Reverdy nous emmène dans une
ville mythique des États-Unis devenue fantôme et met en scène des vies
d’aujourd’hui, dans un monde que la crise a voué à l’abandon. Avec une
poésie et une sensibilité rares, il nous raconte ce qu’est l’amour
au temps des catastrophes.
L’Abistan,
immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yölah sur
terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu
unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance
omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants.
Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans
questions. Le personnage central, Ati, met en doute les certitudes
imposées. Il se lance dans une enquête sur l’existence d’un peuple de
renégats, qui vit dans des ghettos, sans le recours de la
religion…Boualem Sansal s’est imposé comme une des voix majeures de la
littérature contemporaine. Au fil d’un récit débridé, plein d’innocence
goguenarde, d’inventions cocasses ou inquiétantes, il s’inscrit dans la
filiation d’Orwell pour brocarder les dérives et l’hypocrisie du
radicalisme religieux qui menace les démocraties.
Première sélection du Goncourt 2015 : 15 ouvrages en lice
- · Christine Angot, Un amour impossible (Flammarion)
Châteauroux, fin des années 1950. Pierre séduit Rachel
mais refuse de l'épouser. Il accepte cependant d'avoir un enfant avec elle,
Christine, qu'elle devra élever seule. A l’adolescence, Pierre reconnaît
officiellement sa fille, qui, fascinée par ce qu’il lui fait découvrir,
s’éloigne de sa mère. Bien plus tard, Rachel apprend que Pierre viole Christine
depuis des années
- · Isabelle Autissier, Soudain,seuls (Stock)
Un couple de trentenaires partis faire le tour du monde.
Une île déserte, entre la Patagonie et le cap Horn. Une nature rêvée, sauvage,
qui vire au cauchemar. Un homme et une femme amoureux, qui se retrouvent, soudain,
seuls. Leurs nouveaux compagnons : des manchots, des otaries, des éléphants de
mer et des rats.Comment lutter contre la faim et l'épuisement ? Et si on
survit, comment revenir chez les hommes ? Un roman où l'on voyage dans des
conditions extrêmes, où l'on frissonne pour ces deux Robinson modernes. Une
histoire bouleversante.
- · Nathalie Azoulai, Titus n’aimait pas Bérénice (P.O.L.)
Quand on parle d'amour en France, Racine arrive toujours
dans la conversation, à un moment ou à un autre, surtout quand il est question
de chagrin, d'abandon. On ne cite pas Corneille, on cite Racine. Les gens
déclament ses vers même sans les comprendre pour vous signifier une empathie,
une émotion commune, une langue qui vous rapproche. Racine, c'est à la fois le
patrimoine, mais quand on l'écoute bien, quand on s'y penche, c'est aussi du
mystère, beaucoup de mystère. Autour de ce marbre classique et blanc, des
ombres rôdent. Alors Nathalie Azoulai a eu envie d'aller y voir de plus près.
Elle a imaginé un chagrin d'amour contemporain, Titus et Bérénice aujourd'hui,
avec une Bérénice quittée, abandonnée, qui cherche à adoucir sa peine en
remontant à la source, la Bérénice de Racine, et au-delà, Racine lui-même, sa
vie,contradictions, sa langue.
- · Olivier Bleys, Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes (Albin Michel)
Dans la banlieue de Shenyang, ancienne ville
industrielle, la famille Zhang vit pauvrement au milieu d’usines désaffectées
et d’entrepôts à l’abandon. Pourtant, Wei et les siens détiennent un trésor :
le dernier arbre à laque. Leur rêve : devenir propriétaires de leur petite
maison, afin d’honorer un serment fait aux parents de Wei, enterrés sous le
fameux arbre. Ce rêve est sur le point de se réaliser lorsqu’un grand projet
minier menace soudain la famille d’expulsion. Une lutte inégale va alors
s’engager opposant l’humble famille aux représentants du puissant capitalisme
chinois. Prenant comme toile de fond les transformations violentes de la Chine
contemporaine, Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes revisite la
fable du pot de terre contre le pot de fer. Belle et profonde méditation sur
les liens qui unissent l’homme et la nature, ce roman, écrit dans une langue
magnifique, est un conte réel qui ne laissera aucun lecteur indifférent.
- · Mathias Enard, Boussole (Actes Sud)
La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz
Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre
songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements,
ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche– Istanbul, Alep,
Damas, Palmyre, Téhéran… –, mais aussi questionnant son amour impossible avec
l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand
Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux.
Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire,
orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que
l’actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan
brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre.
Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour
doux-amer, Boussole est un voyage et une déclaration d’admiration, une quête de
l’autre en soi et une main tendue – comme un pont jeté entre l’Occident et
l’Orient, entre hier et demain, bâti sur l’inventaire amoureux de siècles de
fascination, d’influences et de traces sensibles et tenaces, pour tenter
d’apaiser les feux du présent.
- · Nicolas Fargues, Au pays du p’tit (P.O.L.)
Le héros et narrateur de ce roman a 44 ans et il enseigne
la sociologie à l’université. Il vient de publier un essai violemment
anti-français (La France… Ses Pfff, ses Chhht, ses Rhôlâlââ… Ses On va pas
s’emmerder, ses Y’en a qui dorment, ses Ça va comme un lundi et ses Avec ceci…
Les lunettes de ses Jacques François et les barbichettes de ses Cyril
Lignac…L’odeur de pieds de ses piscines municipales et de pisse des toilettes
de ses cafés… Ses cadenas d’amour, ses belles paroles et ses beaux salauds).
Cela lui vaut d’être invité à l’étranger pour exposer ses thèses et lui donne
l’occasion de mener à peu près tranquillement une carrière de Don Juan sur le
presque retour. Car il est arrivé à cet âge, à ce moment, où certains, comme
lui, se foutent de tout. Sauf, peut-être, des femmes et des voyages. Encore
que… s’agissant des femmes, est-ce les aimer que de jouer avec leurs sentiments
à des fi ns exclusivement prédatrices ? Quant aux voyages, si c’est par haine
de son propre pays qu’il s’y livre…
- · Jean Hatzfeld, Un papa de sang (Gallimard)
Jean Hatzfeld revient sur les collines de Nyamata, au
bord de ses marais, vingt ans après le génocide. Il donne la parole ici non
plus aux tueurs et aux rescapés dont les récits peuplaient ses précédents
livres, mais à leurs enfants. Ils n’ont pas connu les machettes, mais ont
grandi dans leur souvenir. Ils s’appellent Idelphonse, Fabiola, Immaculée,
Fabrice, sont lycéens, couturiers ou agriculteurs. Ils partagent le génocide en
héritage, mais pas du tout la même histoire familiale. Dans ces familles
décimées, certains ont grandi dans le silence et le mensonge, ont affronté les
crachats sur le chemin de l’école, d’autres ont été confrontés aux troubles de
comportement de leurs parents, à la houe sur une parcelle aride dès
l’adolescence. Ils dansent ensemble, fréquentent les mêmes cafés internet mais
ne parviennent jamais à parler des fantômes qui ont hanté leur enfance. Leurs
récits à la première personne, au phrasé et au vocabulaire métaphorique si
particuliers, se mêlent aux chroniques de la vie de tous les jours sur les
parcelles ou dans la grande rue.
- · Hédi Kaddour, Les Prépondérants (Gallimard)
Au printemps 1922, des Américains d’Hollywood viennent
tourner un film à Nahbès, une petite ville du Maghreb. Ce choc de modernité
avive les conflits entre notables traditionnels, colons français et jeunes
nationalistes épris d’indépendance. Raouf, Rania, Kathryn, Neil, Gabrielle,
David, Ganthier et d’autres se trouvent alors pris dans les tourbillons d’un
univers à plusieurs langues, plusieurs cultures, plusieurs pouvoirs. Certains
d’entre eux font aussi le voyage vers Paris et Berlin, vers de vieux pays qui
recommencent à se déchirer sous leurs yeux. Ils tentent tous d’inventer leur
vie, s’adaptent ou se révoltent. Il leur arrive de s’aimer. De la Californie à
l’Europe en passant par l’Afrique du Nord, Les Prépondérants nous entraînent
dans la grande agitation des années 1920. Les mondes entrent en collision, les
êtres s’affrontent, se désirent, se pourchassent, changent.
- · Simon Liberati, Eva (Stock)
Un soir de l’hiver 1979, quelque part dans Paris, j’ai
croisé une femme de treize ans dont la réputation était alors « terrible
». Vingt-cinq ans plus tard, elle m’inspira mon premier roman sans que je ne
sache plus rien d’elle qu’une photo de parazzi. Bien plus tard encore, c’est
elle qui me retrouva à un détour de ma vie où je m’étais égaré. C’est elle la
petite fée surgie de l’arrière monde qui m’a sauvé du labyrinthe et redonné une
dernière fois l’élan d’aimer. Par extraordinaire elle s’appelle Eva, ce livre
est son éloge.
Simon Liberati
- · Alain Mabanckou, Petit piment (Seuil)
Jeune orphelin de Pointe-Noire, Petit Piment effectue sa
scolarité dans une institution catholique placée sous l’autorité abusive
et corrompue de Dieudonné Ngoulmoumako. Arrive bientôt la révolution
socialiste, les cartes sont redistribuées, et Petit Piment en profite pour
s’évader avec des jumeaux à la brutalité légendaire, abandonnant ainsi son
meilleur ami, qui refuse de le suivre. Il s’adonne alors, avec son clan, à
toutes sortes de larcins, jusqu’à ce que les habitants décident de nettoyer
leur zone d’action. Petit Piment trouve refuge auprès de Maman Fiat 500 et de
ses dix filles, et la vie semble enfin lui sourire dans la gaîté quotidienne de
cette maison pas si close que ça, où il rend toutes sortes de services.Mais le
maire de Pointe-Noire décide d’une nouvelle intervention énergique contre la
prostitution. C’en est trop. Petit Piment perd la tête. De bonnes âmes
cherchent à le soigner (médecine, psychanalyse, magie ou sorcellerie), mais
l’apparente maladie mentale ne lui fait pas perdre le nord : il a une vengeance
à prendre contre celui qui a brisé son destin.
- · Tobie Nathan, Ce pays qui te ressemble (Stock)
C’est dans le ghetto juif du Caire que naît, contre toute
attente, d’une jeune mère flamboyante et d’un père aveugle, Zohar
l’insoumis. Et voici que sa soeur de lait, Masreya, issue de la fange du Delta,
danseuse aux ruses d’enchanteresse, le conduit aux portes du pouvoir. Voici
aussi les mendiants et les orgueilleux, les filous et les commères de la
ruelle, les pauvres et les nantis, petit peuple qui va roulant, criant, se révoltant,
espérant et souffrant. Cette saga aux couleurs du soleil millénaire dit tout de
l’Égypte : grandeur et décadence du roi Farouk, dernier pharaon, despote à
l’apparence de prince charmant, adoré de son peuple et paralysé de névroses.
Arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser en 1952 et expulsion des Juifs.
Islamisation de l’Égypte sous la poussée des Frères musulmans, première
éruption d’un volcan qui n’en finit pas de rugir… C’est la chute du monde
ancien, qui enveloppait magies et sortilèges sous les habits d’Hollywood. La
naissance d’un monde moderne, pris entre dieux et diables.
- · Thomas B. Reverdy, Il était une ville (Flammarion)
Ici, les maisons ne valent plus rien et les gens s’en
vont, en les abandonnant purement et simplement ; la ville est en lambeaux.
Nous sommes à Detroit en 2008 et une blague circule : que le dernier qui parte
éteigne la lumière. On dirait que c’est arrivé. C’est dans cette ville menacée
de faillite qu’Eugène, un jeune ingénieur français, débarque pour superviser un
projet automobile. C’est dans un de ces quartiers désertés que grandit Charlie,
Charlie qui vient, à l’instar de centaines d’enfants, de disparaître. Mais pour
aller où, bon Dieu, se demande l’inspecteur Brown chargé de l’enquête. C’est
là, aussi, qu’Eugène rencontrera Candice, la serveuse au sourire brillant et
rouge. Et que Gloria, la grand-mère de Charlie, déploiera tout ce qui lui reste
d’amour pour le retrouver. Thomas B. Reverdy nous emmène dans une ville
mythique des États-Unis devenue fantôme et met en scène des vies d’aujourd’hui,
dans un monde que la crise a voué à l’abandon. Avec une poésie et une
sensibilité rares, il nous raconte ce qu’est l’amour au
temps des catastrophes.
- · Boualem Sansal, 2084 (Gallimard)
L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi,
«délégué» de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la
soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de
surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants.
Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions.
Le personnage central, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance
dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats, qui vit dans des
ghettos, sans le recours de la religion…Boualem Sansal s’est imposé comme une
des voix majeures de la littérature contemporaine. Au fil d’un récit débridé,
plein d’innocence goguenarde, d’inventions cocasses ou inquiétantes, il
s’inscrit dans la filiation d’Orwell pour brocarder les dérives et l’hypocrisie
du radicalisme religieux qui menace les démocraties.
- · Denis Tillinac, Retiens ma nuit (Plon)
Médecin de campagne, François promène sa langueur à
l'ombre du château de Chaumont. Hélène dilue son désenchantement dans la galerie
d'art qu'elle tient à Blois, au bord de la Loire. Ils ont tous deux passé la
soixantaine, sont mariés, ont des enfants au bout du monde ou au bord du
divorce, et des parents en EPAD ou au cimetière. Quand, à l'âge de tous les
crépuscules, un amour printanier les surprend dans le huis clos de la
bourgeoisie blésoise, ils s'y vouent corps et âme, dans une clandestinité qui
les protège et les emprisonne. Sous la plume tendre et malicieuse d'un expert
en nostalgies, l'histoire de leur liaison passionnée devient aussi celle, douce
et cruelle, d'une génération – les enfants paumés du baby-boom.
- · Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie (JC Lattès)
« Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le
cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne
devrait jamais croiser."
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique,
Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare
le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au coeur d'une époque
fascinée par le Vrai.
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